Cette terminologie " la gacaca" peut paraître nouvelle voire étrangère à la sémantique et à l'esprit même de la justice pénale, surtout occidentale. Nous la découvrirons instamment.
L'introduction des juridictions gacaca au Rwanda a été considérée comme l'élément clé des efforts entrepris afin de parvenir à la reconciliation nationale et faire justice. Cependant, le contraste entre la massivité, l'énormité des crimes commis et le recours à ce système traditionnel peut émouvoir l'opinion publique. Confier le jugement des pires atrocités à des tribunaux populaires, qui ne présentent pas les garanties juridiques reconnues aux tribunaux judiciaires, peut sembler, pour le moins, risqué.
Après le génocide de 1994, le gouvernement rwandais devrait avoir la lourde tâche de juger 120.000 personnes qui s'entassaient dans les prisons. Il s'est vite rendu compte à l'évidence: les tribunaux n'y suffiraient pas; d'où le recours à la gacaca.
Le principe de la gacaca est le suivant: sur les lieux même où des crimes ont été commis, des "hommes intègres" élus par la population, écoutent les accusés et les témoins raconter ce qu'ils ont fait, vu ou entendu. Sur la foi de ces témoignages, ils peuvent reconstituer la vérité de ce qui s'est produit, punir les coupables et restaurer les victimes ou leurs proches dans leur dignité. Les peines sont seulement privatives de liberté. La peine de mort est exclue.
Cette pratique peut soulever un certain nombre de problèmes que je souhaiterais partager.:
-Une telle justice répond-t-elle à l'idéal démocratique?
- La peur et la méfiance ne seront-elles pas des sentiments qui discréditerons les témoignages dans un pays extrêmement sensible sur le plan politique?