La grande presse nous annonce une circulaire destinée à favoriser la prise de mesures d'aménagements de peine afin d'éviter que "les jeunes" auteurs d'exactions dans les banlieues il y a quelques semaines quittent les prisons où ils sont actuellement incarcérés sans suivi.
Louable intention qui appelle toutefois quelques observations
D'abord, la presse n'entre pas dans ce genre de détails, mais la circulaire ne peut être envoyée qu'aux parquets (on ne dit pas à des magistrats du siège comment ils doivent faire leur travail... séparation des pouvoirs oblige). Je n'ai pas encore vu la circulaire... mais en conséquence il serait alors nécessairement demandé aux parquets d'être l'auteur de demandes d'aménagements de peine. Ce n'est pas si courant et cela mérite d'être souligné.
Ensuite, et c'est moins positif, la nécessité de cette circulaire résulte de la soudaine panique face à ces nombreuses peines de prison qui, quelques semaines, quelques jours que dis-je, encore, faisaient la gloire d'un certain ministre (qui n'y était pour rien) et suscitait l'enthousiasme d'une certaine presse.
Mais oops ! soudain, à l'approche des fêtes, il est temps de se rendre compte qu'une courte peine de prison c'est le ratage programmé, a fortiori face à ce type de public. Rencontre avec un univers désocialisant et déshumanisé (surpopulation... état des maisons d'arrêt) et, pour certains hélas, retour auréolé de gloire dans leurs banlieues.
Mais quels aménagements de peine, troisième constat, plus encore dramatique que les précédents, va-t-on pouvoir organiser alors qu'il reste uniquement quelques semaines de détention à purger ? Que veut dire un suivi sur quelques semaines (s'il est encore possible) seulement et comment aussi, l'organiser matériellement dans l'indigence actuelle que nous connaissons ?
C'est qu'il fallait sans doute penser avant de prononcer des peines médiatiquement symboliques, soient des peines systématiquement fermes, des peines plus adaptées, éventuellement bien plus longues. Trop tard...
Réjouissons nous cependant que soit ainsi reconnu indirectement, mais publiquement, que les peines fermes et courtes sont dangereuses en termes de sécurité !